10 Astuces sur le Matériel en Home Studio

Pour moi, au delà de l’acoustique du lieu et du matériel haut de gamme bien sûr, la différence entre un Studio et un Home Studio se joue au moment de faire des prises de batterie! Cela met en jeu tellement de connaissances en acoustique, techniques du son et maitrise de l’informatique que c’est au moment de faire des prises de batterie que vous testerez réellement votre savoir faire, votre lieu et la fiabilité de votre système.

Alors avant d’en arriver là, par où commencer?

1. Choix de la station de travail

• Les machines dédiées

Certains musiciens réfractaires à la souris (comme je les comprends!) préfèrent les machines dédiées musique: studios mobiles ou autre direct-to-disc avec plein de boutons et des menus hiérarchisés. L’utilisation est immédiate (il suffit d’allumer la bête) et à priori ce genre de machine a peu de chance de buguer ou de tomber en panne. Si certaines possèdent maintenant des extensions avec écran et souris, les possibilités d’édition dans le détail restent limitées. Pour les rappeurs qui aiment poser en « one shot » et les musiciens confirmés, cela peut se révéler être la solution la plus compacte. Pensez aussi que certaines limites sont également liées au hardware physique: nombre de pistes, nombre d’effets, peu d’évolution (upgrade) possible, incapacité d’installer les plug-ins hauts de gamme (UAD, SSL etc) qui créent la magie des mix professionnels.

• L’ordinateur: (voir article de référence – Choisir un Ordinateur)

Config conseillée: au minimum avec processeur Intel Core 2 Duo à 2GHZ ou équivalent.

Pour PC en particulier, il est important de bien choisir les composants:

• Carte mère minimum Asus P5W avec chipset intel i975X ou supérieur
• 3Go de RAM
• Windows XP sp3 ou +
• Port FireWire
• 1 disque dur Sata 2 de 160Go en interne + 1 disque 500Go en externe pour les librairies de son. Prévoir aussi un disque USB de sauvegarde!
• Si possible une carte vidéo 2 ou 3 écrans pas trop puissante et donc sans ventilateur! (ce sera moins bruyant)

Astuce: Il y a 3-4 ans, s’était la course à l’armement et on cherchait les processeurs les plus rapides pour pouvoir empiler plus de plug-ins. Avec les Core 2 Duo, la vitesse du processeur n’est plus un souci. Inutile donc de prendre des vitesses trop élevées (au delà de 3GHz) car on retombe dans les problèmes de température et vous devrez installer des ventilateurs bruyants dans le boitier. Il vaut mieux multiplier les têtes de processeur (quad core etc) plutôt que d’augmenter la vitesse.

2. La carte son

Si vous optez pour la configuration avec ordinateur, il vous faudra une carte son « musique ». L’avantage des cartes son musique par rapport aux cartes son multimédia (Sound Blaster, Realtek etc) est qu’il sera possible de choisir une latence (ou temps de réponse) très faible et donc de jouer de la musique en direct. Alors que choisir? C’est votre façon de travailler qui va le déterminer.

• Si vous êtes artiste solo ou bien que vous enregistrez exclusivement instrument par instrument, une carte son 2 entrées en USB suffira.
• Si vous programmez vos accompagnements et que vous souhaitez ensuite enregistrer « live » avec 4 à 6 micros, il vous faudra une carte son plus conséquente.
• Pour les groupes avec batteur, une carte son 12 à 16 entrées sera nécessaire. De plus on privilégiera une connectique FireWire aux vitesses de transfert plus stables en temps réel (débit constant).

Astuce: Pour mon set nomade avec Ableton Live, j’ai opté pour une M-AUDIO FastTrack Pro car elle possède 2 sorties stéréo. J’utilise la première sortie en master / façade. La deuxième sortie est assignée au casque et me permet de pré-écouter le clic et les boucles avant de les lancer en façade.

3. Les micros

Si les micros dynamiques comme les SM58 sont un choix idéal sur scène, ils manqueront de définition et d’aiguë pour vos prises studio. Il vous faudra absolument un micro électrostatique à large diaphragme polyvalent pour enregistrer voix, guitares acoustiques, flûte, cordes etc. Si un Neuman TLM127 ou un C414 restent des valeurs sûres, il est possible de faire de très bonnes prises avec des micros meilleur marchés comme les Rode, Audiotechnica ou encore les MXL peu connus mais très performants pour un prix défiant toute concurrence. Essayez aussi le Bluebird de chez Blue Microphones.

Astuce: En ce qui concerne les prises batterie, voici mon set préféré:
Grosse caisse: Beta52 – caisse claire: Beta56 – toms: SM57 ou SM58 – cymbales: paire de 2x SM81

4. Préampli

On peut faire des prises sans préampli mais lorsqu’on a touché aux préamplis à lampe, il devient impossible de s’en passer! Les plus exigeants choisiront un Avalon 737 SP ou un Manley avec deesseur intégré. Sinon le Presonus Studio Channel comprend un préamp classe A à lampe + EQ + compression VCA et révèle des performances exceptionnelles pour son prix.

Astuce: pour vos prises de voix, réglez un taux de compression de 3,5:1 et faites descendre l’aiguille (gain reduction) jusqu’à -5 /  -10 dB. Boostez les aiguës de +1,5dB à 3,5KHz et +3dB à 8KHz, vos pistes voix seront bien plus faciles à mixer.

5. Le logiciel DAW

DAW veut dire Digital Audio Workstation. On comprend aussi MAO (Musique Assistée par Ordinateur). Les logiciels de référence du marché sont tous très performants et offrent toutes les fonctions d’édition et de mixage nécessaire à la réalisation d’un projet de A à Z. Votre compétence et votre expérience ferons la différence, alors n’ayez pas peur d’expérimenter!

Les références du marché sont Cubase / Nuendo, Sonar et Pro Tools LE. Sur MAC exclusivement on trouve aussi Logic Audio et Digital Performer, particulièrement prisé des compositeurs de musique de film pour ses fonctions de synchro et de Cue Sheet.

Comment faire son choix? C’est vraiment une question d’ergonomie et d’habitude car on ne peux pas dire que l’un sonne mieux que l’autre et la compétition entre les fabricants fait qu’on retrouve tôt ou tard les mêmes fonctions chez l’un ou chez l’autre. Cubase a récemment rattrapé son retard en mixage en offrant enfin le side-chain. Logic Audio était à la traîne en matière de beat-stretching ce qui n’est plus le cas. Seul Pro Tools LE a le « plus » d’offrir un « standard » pro puisqu’il est possible de transférer ses sessions LE directement dans Pro Tools HD. Faut-il encore pouvoir supporter les limitations de la version light LE (nombre de pistes, synthés, effets etc). Si vous souhaitez finaliser vous-même et que vous aimez bien superposer les pistes, ce n’est peut-être pas le meilleur choix.

Les stations Pro Tools HD avec DSP embarqués restent au top en matière de son… et de budget! (compter mini 10-15.000€ pour mixer confortablement).

Les autres logiciels:

A noter que Reason est une super station d’instruments virtuels qui n’enregistre pas l’audio. Il est heureusement possible que le synchroniser à une plateforme de mixage DAW (genre Cubase, Logic ou ProTools LE) grâce au rewire. Ainsi les pistes Reason apparaissent directement dans la table de mixage de votre DAW favori.

Live est un logiciel que j’affectionne particulièrement pour sa facilité d’utilisation et qui repousse les frontières de la créativité avec l’informatique. Cependant je le trouve trop limité pour les montages de voix en prise studio et le mixage.

6. Le clavier MIDI et surfaces contrôle

En terme de clavier MIDI, tout dépend de vos prétentions pianistiques! Un 3 octaves suffit généralement à la plupart des utilisations et s’emporte facilement sur la route. S’il est temps pour vous de vous venger de votre prof de classique, vous serez heureux de prendre un 88 notes. Optez pour un model USB pour économisez une interface MIDI supplémentaire. Les options avec pad et boutons rotatifs sont très utiles pour contrôler vos instruments virtuels.

Une mixette « remote control » MIDI vous permettra de « toucher » les faders de votre table de mixage virtuelle et permet de travailler bien plus vite qu’avec la souris uniquement. Des touches Start, Stop et un Jog pour se déplacer rapidement dans le projet vous faciliterons bien la vie.

Robuste et très facile à emporter sur scène, la Yamaha 01X regroupe à la fois une carte son avec DSP intégrés et une surface de contrôle qui vous permettra de piloter aisément votre logiciel.

7. La table de mixage

Dans un univers tout numérique, la table de mixage n’est plus l’élément central de votre Home Studio, et c’est une bonne nouvelle pour votre budget!

Puisqu’on mixe dans l’ordinateur, on se servira de la table de mixage essentiellement pour l’écoute. Néanmoins si vous ne possédez pas de préamplis micros dédiés, il conviendra de porter une attention particulière sur la qualité des préamplis micro intégrés à la table de mixage. Pour cela les tables Mackie et les tables Yamaha restent très prisées.

La réverbe: elle est très utile pour le confort du chanteur lors des prises de son. Si vous optez pour une petite table numérique genre 01V, vous serez très satisfaits avec les effets intégrés. Par contre avec les petites tables analogiques, il est préférable d’avoir une réverbe externe genre Alesis Nanoverb.

8. Un casque

Indispensable pour les prises de son, il devra être « fermé » pour éviter que le micro ne « repique » les sons du casque. J’aime beaucoup mon Sony MDR7506. Pour les mordus de HipHop et de musiques Club, le Monster Beats by Dr Dre est un must.

9. Monitors et sélecteur de source

Les monitors, c’est l’instrument de l’ingé son! Seuls des monitors de qualité vous permettrons de savoir vraiment ce que vous enregistrez et ce que vous mixez, alors je vous conseille de ne pas lésiner sur la qualité! Si les Genelecs restent une référence incontournable,  une paire de Mackie HR824 ou HR624 feront très bien l’affaire. C’est encore bien cher me direz-vous? Un paire de KRK Rockit 6 avec caisson de base RP10S peut encore sauvez votre mix. Si vous n’êtes pas sécure avec l’acoustique de votre environnement de travail, jetez un œil au KRK Ergo qui analysera votre pièce et calibrera vos enceintes, en plus de ses fonctions carte son et sélecteur d’écoute.

Astuce: Allez chez votre revendeur favori et écoutez des enceintes chères (Genelec, Adams etc). Puis choisissez la paire d’enceinte dans votre budget dont le son s’approche au plus près de ces gros modèles.

Si vous vous souvenez de mon premier article, vous savez quelle importance j’accorde au sélecteur de source. Personnellement j’utilise un Mackie Big Knob. Un MindPrint Trio fera tout aussi bien l’affaire et possède une tranche préampli, EQ et compresseur pour vos prises.

10. L’acoustique de la pièce

Votre premier ennemi sera l’environnement extérieur. En effet votre magnifique micro à large diaphragme est prêt à capter les moindres détails de votre voix, mais aussi les mobylettes de passage et la machine à laver de votre voisine du dessus! Essayez de trouver un espace au calme pour travailler. Le son est porté par l’air (sons aériens) et par les murs (sons solidiens).

On essayera de stopper l’air en mettant des joints aux portes et aux fenêtres pour arrêter les sons aériens. Pour les sons solidiens (la fameuse machine à laver), c’est beaucoup plus dur. A moins de faire des travaux d’isolation lourds, il vaut mieux choisir une pièce au calme.

Pour l’acoustique de la pièce, essayez d’obtenir un son mat. Un plafond trop bas risque de provoquer un résonance désagréable (« flutter echo »). Un pièce de 8 à 12m² avec moquette au sol sera idéale. Les meubles, étagères etc permettent souvent d’étouffer les résonances courantes.

Approchez-vous d’un coin de la pièce et parlez fort. Si vous entendez beaucoup de graves, il se peut que vos coins génèrent des ondes stationnaires dans les graves. Calfeutrez les coins en collant des panneaux de mousse spéciale (bass trap) ou bien en bricolant un angle avec de la laine de roche recouverte de tissu à large maille.

Astuce: Collez un carré de Colsound ST415 au plafond au dessus de votre chaise, des bass trap CR3030 dans les coins et faites vos prises avec un SE Electronics Reflexion Filter. Surélevez vos enceintes avec de la mousse.